Thursday, April 10, 2014

Quoi? Une fille astronaute et un garçon fleuriste? De quoi détruire tout un pays..

Mes premières réactions quand je lis ce genre d'article sur les actions de groupes "anti-gender" en France déclenchent majoritairement des pouffements de rire, tellement l'argumentaire présenté par ces groupes eux-mêmes est ridicule. Dans cet article, on apprend d'ailleurs que les responsables de ce groupe ont lancé une pétition contre une exposition sans même avoir prit la peine de se déplacer pour voir ce contre quoi ils voulaient protester... bel exemple d'engagement social et politique, et preuve d'honnêteté intellectuelle irréprochable.

Mais une fois les rires finit, vient la colère.

Pourquoi?

Parce que ce genre d'actions, de groupe et de discours barre le chemin au véritable débat national qui doit avoir lieu. Ce genre de bêtise et de riposte automatique qui empêche tout effort de dialogue et d'échanges d'opinions empoisonnent les conversations et les échanges qui pourrait avoir lieu autour du genre.

Le fait est que notre pays a besoin de parler, et de discuter. Ce dont nous n'avons pas besoin, c'est des groupes comme celui-ci qui mobilise 13 000 personnes pour signer une pétition contre une expo qu'ils n'ont même pas vu et qui encourage vos filles et vos garçons à avoir confiance en eux et croire en leur rêve.  Nous avons besoin de comprendre pourquoi en France aujourd'hui, un homme qui vit avec un homme gagne 6% de moins qu'on homme vivant avec une femme. Et pourquoi des jeunes garçons et filles prennent leur vie de peur d'annoncer à leur famille qu'ils sont homosexuels. Pourquoi nos concitoyens handicapés ne sont-ils pas massivement intégrés à la population active et employée. Pourquoi nos jeunes filles ne se sentent pas soutenues pour faire des choix de carrières traditionnellement réservées aux hommes. Tout ceci, nous devons en discuter.

Et oui, nous vivons dans une démocratie où, tout au long de cette discussion, les différentes opinions pourront débattre, et où l'hémicycle représentatif tranchera. Tel est la définition même de la démocratie.

Mais appeler à la censure d'expositions culturelles et artistiques,  empêcher deux personnes de se marier malgré leur droit légal de se faire, et j'en passe, ne s'apparente pas à un dialogue démocratique et intelligent. Les pays où ces méthodes sont institutionnalisées s'appellent l'Iran, l'Arabie Saoudite ou la Russie.

L'expo à Bordeaux appelait les enfants à s'accepter et à ne pas se mettre des limites. Le fait qu'une partie même minime de la population française y trouve un problème est la première étape à discuter dans le grand dialogue national qui doit avoir lieu.

Les discriminations se portent bien en France

... on le savait, mais l'inertie des politiques publiques et des décideurs politiques devient insupportable. Gagner moins parce que l'on est homosexuel, une femme, ou tout simplement pas blanc, c'est tout simplement inadmissible. A quand des sanctions financières et juridiques contre les employeurs qui ne pratiquent pas l'égalité des salaires pour postes équivalents?
Encore beaucoup de travail...

L'«homme blanc hétérosexuel» toujours privilégié en France

AFP

Thursday, April 3, 2014

les villes par et pour les hommes

Article fascinant sur l'intégration des inégalités genre dans l'urbanisme et l'architecture, et sur les réponses concrètes que les municipalités ont à leur disposition, dont la budgétisation sensible au Genre. J'ai pu faire de la BSG au Cameroun, où certes le contexte est différent, mais où le processus reste le même: faire apparaître dans la répartition des ressources la "voix" des femmes et lier besoin aux ressources existantes.
En lisant cet article, j'ai pris le temps de penser à comment moi j'avais vécu cette ville, en tant que femme. Et il est vrai que le fait "d'être en public" ne protège pas, où ne résout pas les questions de vulnérabilités. Ceci est surtout vrai la nuit, et surtout vrai dans les transports en commun. Et non, la réponse n'est pas des bus réservés aux femmes (en tout cas pas en France, même si dans certaines zones ultra-violente d'Amérique Latine par exemple, c'est une excellente idée), mais des mesures d'urbanisme qui prennent en compte les préoccupations non seulement des femmes, mais de tout groupe qui est exclut du processus de planification des villes. En France en 2014, il est encore très difficile de prendre le métro en chaise roulante, d'accéder à des bâtiments publiques et d'utiliser des toilettes publics.

Des chercheurs du CNRS qui s'intéressent aux problématiques genre, c'est déjà en soi une grande avancée!
Une ville faite pour les garçons
21.03.2014, par Yves Raibaud
https://lejournal.cnrs.fr/billets/une-ville-faite-pour-les-garcons