Monday, January 12, 2015

#JeVeuxEtreCharlie

Cela faisait bien trop longtemps que je n'avais pas pointé le bout de mon nez. Le voila, encore bien plein de ce week end fort en émotion à défiler dans la rue (et dans mon salon) en réponse aux attaques de Paris.

Le fait est que, tout se mélange dans ma tête. Je m'explique. Hier, dans le rassemblement contre le terrorisme auquel je participais, j'ai crié:
#jesuischarlie
#jesuisflic
#jesuismusulmane
#jesuisjuive
#jesuisfrancaise

Mais, en fait, je suis quoi?

Les évènements de ces derniers jours nous ont tous catapultés dans une unité des coeurs et des consciences, mais qu'en est-il de nos différences? Comment allons-nous réussir a nous ré-apprivoiser? Comment puis-je être flic alors que depuis que je suis en âge d'être dans la rue je scande "Assassins de la poliiiice" dans les manifs d'enfants de la gauche? Comment puis-je être musulmane alors que rien dans mon parcours scolaire ne m'a appris à connaître l'Islam, que personne n'a construit des ponts entre mon petit monde de française de classe moyenne et le monde de ceux qui sont cantonnés dans des cités où la République ne sert plus? Ou justement, alors que personne ne m'a expliqué en grandissant que les amalgames entre les religions, les quartiers des uns et des autres, ne sont pas représentatifs de la complexité- et diversité- de mon pays? Comment puis-je être juive alors que la seule fois où j'ai essayer de parler avec un groupe d'étudiant juif a Lyon sur les questions d'Israel-Palestine, nous nous sommes fait tabasser par le "service sécurité" de certains des participants? Et qu'à nouveau les médias, les politiques (et nous) continuons de faire des amalgames entre la communauté juive de France et le Sionisme? Comment enfin être française vu que j'ai grandit en certes respectant les valeurs de la République mais jamais en vraiment percevoir tout ces groupes qui forme le peuple de France comme un, et que mon pays m'a appris qu'il y avait "les vrais français" versus "les français pas vraiment français" (même après 3 générations)?

En fait, je crois que plutôt que de crier
#jesuischarlie
#jesuisflic
#jesuismusulmane
#jesuisjuive
#jesuisfrancaise

J'aurais du crier:
#jeveuxêtrecharlie
#jeveuxêtreflic
#jeveuxêtremusulmane
#jeveuxêtrejuive
#jeveuxêtrefrancaise

Je veux, je veux qu'on répare nos conneries, qu'on commence enfin en France à parler du NOUS et d'y inclure tout le monde, qu'on arrête de voir certains comme français "d'origine étrangère", et qu'on construise enfin une société d'inclusion, de tolérance et de soutien.

Je veux être cette France qui s'aime, et qui aime toutes ses composantes de manière égale.

Je veux enlever le je veux de ces phrases, afin enfin de pouvoir crier:
#jesuischarlie
#jesuisflic
#jesuismusulmane
#jesuisjuive
#jesuisfrancaise

Friday, May 2, 2014


Une décision suprenante et positive pour l'inde: le troisième genre est reconnu par la Cour Suprême.

"La Cour a ordonné au gouvernement de l’Inde et aux Etats du pays d’identifier les transgenres comme un troisième genre neutre, et de leur donner droit aux mêmes aides sociales et aux mêmes aides à l’emploi que les autres groupes minoritaires.«Les transgenres sont des citoyens de ce pays et ont droit à l’éducation et à tous les autres droits», a déclaré le juge Radhakrishnan".

Espérons que ce jugement aidera cette communauté à sortir de ces principaux modes de survie que sont la prostitution et la mendicité. Et que la Cour Suprême reviendra sur sa décision de ne pas dépénaliser l'homosexualité. Alors que dans nos sociétés occidentales ces deux thèmes sont très liés, ils demeurent deux "problèmes" séparés dans de nombreux pays asiatiques. Les transgenres sont vu comme ayant une place historique et traditionnelle dans la société, alors que l'homosexualité est vu comme un mal venant de l'extérieur.

Thursday, April 10, 2014

Quoi? Une fille astronaute et un garçon fleuriste? De quoi détruire tout un pays..

Mes premières réactions quand je lis ce genre d'article sur les actions de groupes "anti-gender" en France déclenchent majoritairement des pouffements de rire, tellement l'argumentaire présenté par ces groupes eux-mêmes est ridicule. Dans cet article, on apprend d'ailleurs que les responsables de ce groupe ont lancé une pétition contre une exposition sans même avoir prit la peine de se déplacer pour voir ce contre quoi ils voulaient protester... bel exemple d'engagement social et politique, et preuve d'honnêteté intellectuelle irréprochable.

Mais une fois les rires finit, vient la colère.

Pourquoi?

Parce que ce genre d'actions, de groupe et de discours barre le chemin au véritable débat national qui doit avoir lieu. Ce genre de bêtise et de riposte automatique qui empêche tout effort de dialogue et d'échanges d'opinions empoisonnent les conversations et les échanges qui pourrait avoir lieu autour du genre.

Le fait est que notre pays a besoin de parler, et de discuter. Ce dont nous n'avons pas besoin, c'est des groupes comme celui-ci qui mobilise 13 000 personnes pour signer une pétition contre une expo qu'ils n'ont même pas vu et qui encourage vos filles et vos garçons à avoir confiance en eux et croire en leur rêve.  Nous avons besoin de comprendre pourquoi en France aujourd'hui, un homme qui vit avec un homme gagne 6% de moins qu'on homme vivant avec une femme. Et pourquoi des jeunes garçons et filles prennent leur vie de peur d'annoncer à leur famille qu'ils sont homosexuels. Pourquoi nos concitoyens handicapés ne sont-ils pas massivement intégrés à la population active et employée. Pourquoi nos jeunes filles ne se sentent pas soutenues pour faire des choix de carrières traditionnellement réservées aux hommes. Tout ceci, nous devons en discuter.

Et oui, nous vivons dans une démocratie où, tout au long de cette discussion, les différentes opinions pourront débattre, et où l'hémicycle représentatif tranchera. Tel est la définition même de la démocratie.

Mais appeler à la censure d'expositions culturelles et artistiques,  empêcher deux personnes de se marier malgré leur droit légal de se faire, et j'en passe, ne s'apparente pas à un dialogue démocratique et intelligent. Les pays où ces méthodes sont institutionnalisées s'appellent l'Iran, l'Arabie Saoudite ou la Russie.

L'expo à Bordeaux appelait les enfants à s'accepter et à ne pas se mettre des limites. Le fait qu'une partie même minime de la population française y trouve un problème est la première étape à discuter dans le grand dialogue national qui doit avoir lieu.

Les discriminations se portent bien en France

... on le savait, mais l'inertie des politiques publiques et des décideurs politiques devient insupportable. Gagner moins parce que l'on est homosexuel, une femme, ou tout simplement pas blanc, c'est tout simplement inadmissible. A quand des sanctions financières et juridiques contre les employeurs qui ne pratiquent pas l'égalité des salaires pour postes équivalents?
Encore beaucoup de travail...

L'«homme blanc hétérosexuel» toujours privilégié en France

AFP

Thursday, April 3, 2014

les villes par et pour les hommes

Article fascinant sur l'intégration des inégalités genre dans l'urbanisme et l'architecture, et sur les réponses concrètes que les municipalités ont à leur disposition, dont la budgétisation sensible au Genre. J'ai pu faire de la BSG au Cameroun, où certes le contexte est différent, mais où le processus reste le même: faire apparaître dans la répartition des ressources la "voix" des femmes et lier besoin aux ressources existantes.
En lisant cet article, j'ai pris le temps de penser à comment moi j'avais vécu cette ville, en tant que femme. Et il est vrai que le fait "d'être en public" ne protège pas, où ne résout pas les questions de vulnérabilités. Ceci est surtout vrai la nuit, et surtout vrai dans les transports en commun. Et non, la réponse n'est pas des bus réservés aux femmes (en tout cas pas en France, même si dans certaines zones ultra-violente d'Amérique Latine par exemple, c'est une excellente idée), mais des mesures d'urbanisme qui prennent en compte les préoccupations non seulement des femmes, mais de tout groupe qui est exclut du processus de planification des villes. En France en 2014, il est encore très difficile de prendre le métro en chaise roulante, d'accéder à des bâtiments publiques et d'utiliser des toilettes publics.

Des chercheurs du CNRS qui s'intéressent aux problématiques genre, c'est déjà en soi une grande avancée!
Une ville faite pour les garçons
21.03.2014, par Yves Raibaud
https://lejournal.cnrs.fr/billets/une-ville-faite-pour-les-garcons

Sunday, March 30, 2014

Adieu Rémi Gaillard...

Aaah Rémi.

Tu me manques déjà.

J'en ai passé des heures à regarder tes vidéos... à l'université d'abord, avec mes copains et mes coups d'un soir... Qu'est-ce qu'on a rigolé. Tu nous faisais rêver, tu nous rappelais qu'il fallait rire de la vie pour se sentir en vie. Que rien n'est très sérieux si c'est suivi d'une blague.

Parmi mes vidéos préférées, celle des ascenseurs... tu nous a inspiré pour faire des sorties "Sliders" de l'ascenseur de Science Po... Tu nous as donné des envies un peu folles, et inspiré nos plus belles aventures nocturnes. Bref, un des nôtres, Rémi.

Plus maintenant.

Maintenant, tu es juste un de ces milliers d'anonymes qui ne comprennent pas que la banalisation des violences sexuelles est en soi une violence faite à des millions de femmes, et surtout à celles qui en ont été directement victimes (et ça en fait un paquet).

Tu veux du Free Sex Rémi? Tu fais juste partie de ces milliers de mecs qui pensent que des rapports gratuits et "consentis" leur sont du, qu'ils ont le droit de, et qu'il n'y a rien de grave là-dedans. Maintenant, grâce à toi, ils peuvent aussi en rire.

Mon cher Rémi, dois-je vraiment te rappeler qu'une femme sur 10 de moins de 20 ans déclare avoir subi des attouchements au cours de sa vie et près d'une sur 10 des conversations à caractère pornographique ou des tentatives de rapport forcé (Source HCE/fh)? Que 11% seulement des victimes de viols en France portent plainte? Certaines surement pas peur de se faire rire à la gueule... parce que comme tu l'as écrit en réponse aux critiques de ta vidéo, ceux qui ne savent pas rire de ça sont des "prudes" ou des "cons".

Sans vouloir être vulgaire Rémi, tu n'as jamais senti la bite dure d'un inconnu se coller à toi dans le métro. Tu n'as jamais du non plus sentir des doigts soulever ta jupe lors d'une soirée en boîte. Tu n'as jamais non plus du vivre l'agression d'un inconnu qui t'attrape tes seins "juste pour rire". Parce que rire de la disponibilité publique du corps de la femme, c'est rire de son abus.

Tu veux du Free Sex Rémi? T'as de la chance, notre société en est pleine à craquer. Des hommes qui prennent ce qui n'est pas à eux, des hommes qui ne comprennent pas que des ptites fesses bien cambrées ne peuvent automatiquement s'embraser à leur touché. Du Free Sex, t'en as plein autour de toi Rémi. Le problème, c'est que justement, ça fait pas rire celles qui en sont victimes. Ca a plutôt le don de les envoyer direct dans le dégout, la douleur, la dépression, la peur, l'angoisse, la colère, et la souffrance.

On peut rire de tout Rémi?
Peut-être dans ton monde à toi.
Moi en tout cas tu ne me fais plus rire du tout.

Adieu Rémi (mais t'inquiète pas, dans ton monde, une de perdue dix de retrouvée).

ps: Attention, cette vidéo peux provoquer des envies de vomissements intense, un dégout ulcéré de son auteur et une volonté profonde de prendre sa carte au Femen...
http://www.nimportequi.com/en/video_freesex.html